24 September 2015

Ministre général : « L’Avenir des Frères Mineurs »

Frère Micheal Perry, ofm

“Être avec les pauvres et ouvrir les portes c’est notre mission

Le Ministre général Frère Michael Perry, confirmé dans sa charge jusqu’en 2021, explique l’étape de profond renouvellement que vivent les Frères Mineurs: « Le Pape a indiqué clairement ce qu’il espère: une Église pauvre avec les pauvres. Nous avons tellement de structures et de richesses mais nous devons devenir pauvres avec les pauvres pour créer de nouvelles relations avec eux » et abandonner aussi certains replis « paroissiaux ». 

de Riccardo Benotti

 

La qualité évangélique des relations fraternelles, le rapport avec les laïcs, la mission, le risque de l’embourgeoisement et la capacité de vivre avec les pauvres. Ce Chapitre qui s’est tenu avant l’été à Assise a été un Chapitre exigeant pour les Frères mineurs, qui ont affronté des thèmes graves contenus dans un Instrument de travail fruit du travail de plusieurs années. « Avoir un Pape qui, le premier dans l’histoire de l’Église, a choisi le nom de François, c’est un grand défi pour nous » confie le Ministre général Michael Perry confirmé dans sa charge jusqu’en 2021. Né à Indianapolis,  mais de sang irlandais, comme le révèlent ses yeux d’un bleu céleste, Frère Perry  accompagne avec détermination et pragmatisme les plus de 10.000 frères dans cette étape de rénovation. «Le pape a indiqué clairement ce qu’il espère: une Église pauvre avec les pauvres. Nous avons tant de structures et de richesses mais nous devons devenir pauvres avec les pauvres pour créer avec eux  un nouveau rapport».  

 

De quelle manière peut-on être auprès des pauvres?

« La pauvreté ne doit pas s’exalter mais les pauvres existent. Il est écrit dans l’Évangile de Marc : « Les pauvres vous les aurez toujours avec vous ». J’en arrive à penser que si Jésus avait eu le temps d’ajouter quelque chose, il aurait dit : « Parce que vous ne voulez pas changer votre style de vie ». Pour être des frères mineurs nous devons modifier nos comportements. Pape François reprend les idées du christianisme des origines. L’Église ne doit pas être une présence puissante mais humble. Et son comportement  est un exemple pour nous tous ».

Vivre dans une tranquillité bourgeoise, c’est un danger pour la vie des frères…

« C’est un risque perçu par les frères eux-mêmes et qui met en crise l’identité-même de notre vocation. Nous sommes appelés à concrétiser la miséricorde de Dieu à travers des actes de justice et de charité. Il y a au moins deux remèdes pour guérir cette maladie. Le premier c’est d’être parmi les pauvres, vivre parmi ceux qui souffrent. Les pauvres ne sont pas une entité abstraite mais ils ont un nom, ils viennent d’une famille, ils ont des enfants, cherchent chaque jour du travail pour améliorer la qualité de leur vie. Et c’est là que nous devons être. Si nous serons accompagnés par les pauvres, nous découvrirons à nouveau la beauté de la vocation franciscaine ».

Et le deuxième remède?

« Nous ouvrir à la Parole de Dieu qui ne se trouve pas seulement dans la Bible mais aussi dans l’Eucharistie de la vie des personnes que nous rencontrons chaque jour. Il faut ouvrir les portes pour accueillir le monde. Nous devons être à l’écoute et en dialogue avec l’Église et avec les gens».

Les paroisses et les sanctuaires sont les lieux où se concentre l’activité pastorale des frères. Pourquoi ?

« Les frères répondent aux demandes des Églises locales. Aujourd’hui, cependant, il est temps de changer. Au cours des années nous avons assumé une logique « paroissiale » que nous devons rompre. La demande du pape de sortir est la même que François d’Assise adresse à ses frères. Il est difficile d’être des pèlerins quand nous avons ces responsabilités, qui sont sans aucun doute importantes. Mais même dans les paroisses et les sanctuaires nous devons repenser la présence en y impliquant les laïcs et en leur permettant d’être de vrais promoteurs de l’Évangile. Par exemple je ne comprends pas pourquoi nous devons tenir les clés de l’église quand l’église appartient aux gens… ».

Donc une valorisation des laïcs ?

« Pour nous, les Frères mineurs, mais aussi pour toute l’Église, il est fondamental de repenser le rôle des laïcs. Dans les communautés franciscaines des sanctuaires et des paroisses nous devons préparer les laïcs, dont l’importance est décisive pour l’Église. Saint François avait l’habitude d’emmener aussi avec lui des laïcs – hommes et femmes- qui, avec la permission de l’évêque, faisaient la catéchèse et prêchaient. Il ne voyait pas d’obstacles à consentir la prédication aux femmes car elles ont une sensibilité et une perspective différentes ».

Il existe toutefois un risque qui dérive du cléricalisme pour les laïcs et pour la vie de fraternité…

« Le cléricalisme endommage la dignité de la vocation des laïcs dans l’Église et dans le plan de Dieu. Nous aussi nous sommes appelés à une conversion dans cette direction. L’Église nous a demandé  d’assumer tellement de responsabilités. Parfois, cependant, nous avons porté de l‘avant la pastorale de manière chaotique avec des conséquences négatives pour la vie fraternelle. Il devient alors important de redécouvrir la qualité de la vie fraternelle afin qu’elle puisse être offerte aux laïcs. Le monde cherche la fraternité, il suffit de percevoir les conflits en famille ou en politique. Et nous avons l’obligation d’être des témoins de François d’Assise. Ce qui serait un bienfait pour le monde d’aujourd’hui ».

Est-il difficile de guider un aussi grand nombre de confrères dans 110 pays ?

« Je ne m’en sens pas capable mais c’est une joie de connaître la vie des frères dont la plus grande part vit l’Évangile en profondeur.  Récemment je suis allé à Hong Kong où les frères développent une activité pastorale avec 4000 chrétiens chinois qui participent chaque semaine à la vie communautaire. Ils ont peur de ce qui pourrait se produire après les élections de 2017 mais ils conservent une foi solide. À Taiwan, par contre, les frères chinois sont au service des pauvres dans des paroisses où les prêtres diocésains ne veulent pas aller. Voilà les témoignages dont nous avons besoin. Comme Ministre général j’aimerais laver les pieds des frères pour leur permettre de laver les pieds des autres. Je crois que c’est le meilleur moyen de vivre en tant que disciple du Christ. Je suis un pécheur, avec tellement de limites, mais c’est une grâce d’être au service des frères. Je suis un être humain et pour cette raison je me sens bien parmi mes frères, parce qu’eux aussi sont des êtres humains ».        

 

Origine: agenSIR

Version italienne sur www.ofm.org



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